Une œuvre d’art géante
pour une Belgique solidaire et hospitalière
Projet
« Tissons des liens, pas des menottes » est un projet citoyen et artistique, né de la réflexion « être sans papiers en Belgique, c’est être pieds et poings liés ».
Face à la politique migratoire actuelle en Belgique, l’artiste liégeoise, Bénédicte Moyersoen, propose de réaliser ensemble une œuvre collective solidaire symbolisant le soutien qui devrait être mis en place pour tou•tes les migrant•es quand ils•elles arrivent en Belgique.
Cette œuvre : tisser 112 000 (nombre de personnes sans titre de séjour légal en Belgique) liens Colsons (utilisés plus souvent comme menottes) afin de réaliser un gigantesque filet de soutien (environ 700 m²) et d’y suspendre toutes les propositions concrètes pour un accueil juste, digne et durable de tout•es les migrant•es, n’est réalisable que grâce à la collaboration de citoyen•nes avec ou sans papiers.
La volonté est de pouvoir faire remonter à nos politiques la voix de toutes et tous, peu importe l’âge, les origines, le niveau social et de démontrer qu’un accueil positif et constructif est possible, que la migration est une richesse pour un pays. L’œuvre d’art sera créée morceau par morceau dans des dizaines de communes, tout au long de l’année 2023–2024.
Contexte
Depuis 2023, l’État belge a enfreint ses propres lois, en manquant de garantir une place d’accueil à plusieurs milliers de personnes ayant introduit une demande d’asile. La Belgique a été condamnée à plusieurs reprises par des tribunaux belges et la Cour européenne des Droits de l’homme. Par ailleurs, 112 000 personnes sans papiers sont maintenues dans des situations de vie indigne, faute de pouvoir accéder aux droits les plus fondamentaux. Des actions, des interpellations, des occupations ont eu lieu à Bruxelles. Ailleurs en Belgique, des citoyens, des citoyennes et des associations s’opposent à cette situation excluante, indigne et illégale qui est en train de se normaliser.
Il est temps de mettre en place une politique migratoire respectueuse des droits humains et des conventions internationales.
L’artiste
Depuis de nombreuses années, Bénédicte Moyersoen travaille avec des personnes migrantes et dresse un constat à la fois émerveillé des richesses nées de ces rencontres et désespéré face à l’immobilisme, voire le retour en arrière de la politique d’accueil en Belgique. Elle constate combien ces personnes se retrouvent dans l’impossibilité d’avancer dans leur vie faute d’un accueil juste et humain.
Elle constate également que de nombreuses personnes sont peu informées sur les conditions de vie de ces personnes et surtout sur les possibilités existantes mais bloquées au niveau de la réalisation pour améliorer les conditions d’accueil.
Parallèlement, elle mène une activité artistique basée sur un nouveau concept : l’œuvre collective solidaire. Face à des faits de société qui l’interpelle, elle imagine comment rendre ces problématiques visibles par tou•tes par le biais d’un langage symbolique. Ces œuvres sont irréalisables seul•e, il faut impérativement un travail collectif et solidaire pour les réaliser.
12 000 bougies sur la Meuse : www.rtbf.be/article/arcelor-12–000-bougies-sur-la-meuse-en-solidarite-avec-les-travailleurs-7990111
« Réflechissez » : https://vimeo.com/173897041
Révoltée par les dernières mesures du Gouvernement belge, Bénédicte Moyersoen imagine comment mettre en lumière de manière constructive et symbolique le défi d’une autre manière d’accueillir : constructive et positive. Transformer les liens qui enferment (les colsons sont utilisés comme menottes) en liens qui soutiennent (les colsons deviennent des mailles d’un filet).
Bénédicte Moyersoen propose alors à différents partenaires dont les communes hospitalières de concevoir ensemble une œuvre collective solidaire appelée « Tissons des liens, pas des menottes ».
Dans la réalisation de l’œuvre, chacun•e participe selon son temps et c’est ensemble que le défi peut être relevé.
Des Communes Hospitalières
« Rendons nos Communes Hospitalières » est une large campagne lancée en 2017 par le CNCD-11.11.11 et le Ciré, à l’échelle de la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’objectif est que les majorités communales s’engagent en faveur de l’hospitalité des personnes migrantes. Cette campagne a déjà porté fruits via l’engagement de 76 communes et de 4 Provinces. Pour suivre l’action sur les réseaux sociaux : #colsonssolidaires #communeshospitalières2023 #tissonsdeslienspasdesmenottes #justicemigratoire.
Les citoyens demandent donc aux communes ayant voté la motion « Commune Hospitalière » de se montrer solidaire des personnes migrantes, avec ou sans papiers, et de prendre des mesures concrètes pour garantir l’accueil conformément à la loi.
Objectifs
Les objectifs sont :
- mettre en lumière une réalité méconnue du grand public et mener une réflexion publique sur la politique migratoire en Belgique avec le défi de faire des propositions pour la rendre plus humaine et plus positive ;
- susciter des échanges entre les citoyens, les communes, les entreprises, les personnes exilées afin de mieux se connaître et mieux se comprendre ;
- donner la parole à ceux et celles qui sont réduits au silence ;
- suggérer des alternatives à la politique migratoire actuelle ;
- susciter le dialogue avec les communes hospitalières pour qu’elles montrent publiquement leur indignation par rapport à la situation subie par les personnes demandeuses d’asile, laissées à la rue ;
- pousser à ce qu’elles demandent des moyens financiers et logistiques qui leur permettront de rendre effectif un accueil digne des demandeur•euses d’asile, réparti•es sur le territoire national, dont celui de leur commune, et ainsi respecter les conventions internationales et les droits humains ;
- aborder avec elles la question des personnes sans-papiers, au nombre de 112 000 en Belgique, et échanger sur l’inconditionnalité des droits humains et sur la régularisation ;
- attirer l’attention des médias et des politiques autour des ces enjeux.
Pour une politique migratoire positive et un accueil durable. Parce que la migration est une richesse pour la Belgique.
Pourquoi une œuvre d’art ?
L’œuvre d’art réalisée de manière collective permet de parler un langage commun symbolique, accessible à tous et toutes.
Elle mutualise les forces et les esprits avec créativité et convivialité et mets en lumière l’importance de la dimension humaine des enjeux migratoires et la puissance de la réflexion citoyenne.
Elle élargit le champ des possibles, en récoltant des propositions d’actions concrètes pour un accueil juste et digne de tou•tes les migrant•es.
La réalisation se passant dans divers lieux de rencontre des citoyens (monde du travail, de la culture, de l’enseignement et associatif), on expérimente en direct la force et la richesse de « tisser des liens ».
Chacun participe, à part égale, à un grand projet collectif qui nous concerne tous : l’accueil.
Ce projet permet également reconstituer un réseau citoyen et associatif au niveau des communes (cartographie des communes hospitalières actives), de communiquer avec les mandataires communaux, avec les médias pour informer/raconter/protester/construire…
C’est une initiative audacieuse certes. Utopique ? Oser clamer à voix haute et forte qu’il faut aller dans un autre sens, revendiquer le coté précieux et riche des idées citoyennes face au dictat des certaines politiques. Utopie d’une œuvre belge sans scission.
Elle donne la voix à tou•tes à un moment où l’on pourrait se dire que de toute manière il n’y a rien à faire et que de toute façon ce sont les politiques qui décident.
Dans ce projet, ce sont également des talents qui s’assemblent pour défendre une même vision de l’accueil : logistique, recherche de fonds, communication, échanges avec la population… chacun•e a une richesse a apporter.
Ce projet permettra de créer un symbole national : un filet de soutien pour une politique migratoire positive.
Ici le langage artistique est mis au service de l’acte citoyen, de la défense des droits sociaux et humains. Il met en lumière la lutte contre la discrimination et la force de l’éducation permanente.
Les partenaires
« Tissons des liens, pas des menottes » s’est construite grâce aux différents liens qui se sont tissés entre de nombreux acteur•trice•s.
Tou.te.s vivent en Belgique. Ils et elles ont entre 5 et 96 ans. Ils et elles se sont rencontrés dans des écoles, des entreprises, des maisons de repos, lors d’événements culturels, sur des marchés, lors de rencontres avec des élu.es au niveau communal… en Flandres, Wallonie, Bruxelles.
Merci à tous et toutes !
Sans vous rien n’aurait été possible.
Nous sommes conscient•es que l’usage du plastique (les menottes colsons étant faites de ce matériau) peut poser question écologiquement. Mais l’œuvre, destinée à pérenniser la lutte pour l’accueil ici et maintenant pour que dans le futur on puisse rêver à une société riche de sa multiplicité, ne sera pas détruite ; on ne retrouvera donc pas des déchets de colsons partout…