Carlos, de Bolivie

Té­moi­gnage de Car­los, de Bo­li­vie

« Bon­jour,

Je suis mi­grant, j’­ha­bite en Bel­gique. Je ne suis pas d’i­ci, je viens de là-bas.

Ce­la a été très dif­fi­cile pour moi d’ac­cep­ter le fait d’être mi­grant. Je n’a­vais ja­mais quit­té mon pays aus­si long­temps au­pa­ra­vant. Je m’ap­pelle Car­los, peu im­porte le pays d’où je viens car, dé­sor­mais, je suis de­ve­nu mi­grant.

Je suis ar­ri­vé en Bel­gique en fé­vrier 2022. À mon ar­ri­vée, ma vie a chan­gé com­plè­te­ment. Sans rien connaître de la langue, de la culture, des tra­di­tions, de l’organisation de la Bel­gique, le choc a été bru­tal. J’ai dû com­men­cer à me construire une nou­velle vie, très dif­fé­rente à celle dont j’é­tais ha­bi­tué avant.

Aujourd’hui, lorsque je me pro­mène dans les rues de Liège ou lorsque que je vais aux cours de fran­çais, je me rends compte que je ne suis pas le seul mi­grant. Il y a beau­coup d’autres per­sonnes dans des si­tua­tions si­mi­laires à la mienne, des per­sonnes de na­tio­na­li­tés di­verses, avec des his­toires dif­fé­rentes, qui passent par ce mo­ment de tran­si­tion en vue de s’inclure dans la so­cié­té belge. Ce­la me ras­sure et me ren­force dans l’idée de sa­voir que je ne suis pas le seul.

Être mi­grant nous place en si­tua­tion de vul­né­ra­bi­li­té et d’inégalités so­ciales. Nos droits en tant que po­pu­la­tion mi­no­ri­taire sont sou­vent ba­foués. Dans ce monde où la mi­gra­tion a tou­jours exis­té, je me de­mande si une po­li­tique mi­gra­toire in­clu­sive avec plus de di­gni­té hu­maine et de jus­tice so­ciale est pos­sible ?

Faire par­tie de la Conven­tion in­ter­na­tio­nale pour la pro­tec­tion des droits des mi­grants et de leurs fa­milles se­rait un “si­gnal” que la Bel­gique don­ne­rait. Ce geste nous per­met­trait de nous sen­tir pro­té­gés et in­clus. Et non pas adop­ter de lois ou de dé­crets contre les mi­grants comme ce­la se pro­duit dans d’autres pays eu­ro­péens.

Bien sou­vent, nous avons des dif­fi­cul­tés pour com­mu­ni­quer entre nous de par la bar­rière de la langue. Mais je suis convain­cu que notre condi­tion de mi­grant nous unis, tout comme ce grand “fi­let de col­sons” qui sym­bo­lise l’u­ni­té. Je pense qu’au-delà de notre condi­tion de mi­grant qui nous unis, nous sommes éga­le­ment unis par la né­ces­si­té de tra­vailler pour une so­cié­té avec plus de jus­tice so­ciale.

Je ne de­mande pas à être ac­cueilli, je ne de­mande pas à être in­té­gré, je ne de­mande pas à vivre des avan­tages so­ciaux, je de­mande que nos droits hu­mains en tant que mi­grants soient res­pec­tés.

Nous de­vrions avoir le droit d’exister lé­ga­le­ment grâce à un do­cu­ment de sé­jour. Nous de­vrions avoir le droit d’ac­qué­rir un em­ploi aux mêmes condi­tions qu’un ci­toyen eu­ro­péen. Nous de­vrions avoir les mêmes op­por­tu­ni­tés comme les na­tio­naux. Nous contri­buons à la crois­sance du pays, avec notre force de tra­vail, avec nos connais­sances, etc. Ne nous dis­cri­mi­nez pas, ne nous igno­rez pas car nous exis­tons, nous sa­vons aus­si ai­mer et nous sa­vons aus­si pleu­rer.

Mer­ci de m’avoir écou­té. »

Car­los