Place Saint-Lambert / Hôtel de Ville de Liège

Durant un mois et demi, d’avril à mai 2024, le filet « Tissons des liens. Pas des menottes. » a été installé Place Saint Lambert, située en plein cœur de Liège, ville qui a vu démarré cette œuvre solidaire collective « Tissons des liens. Pas des menottes. », ville qui a voté la motion hospitalière.

Même s’il n’a pas été possible de dresser l’ensemble du filet et ses 112 00 colsons, il semblait très important d’installer l’œuvre dans l’espace public à la veille des élections fédérales, régionales, et européennes, du 9 juin 2024. Son emplacement symbolique, entre les piliers de l’ancienne Cathédrale Saint-Lambert de Liège (lieu de refuge au Moyen Âge), détruite en 1794, a pour volonté de rappeler avant les élections les engagements de la ville en tant que ville hospitalière et de questionner les citoyen.nes sur l’impact des choix politiques. C’est également l’occasion de porter les revendications de la plateforme In My Name :

L’inauguration « Tissons des liens. Pas des menottes. » aurait dû avoir lieu sur la Place Saint-Lambert même. Mais des pluies diluviennes ont obligé à trouver refuge… dans l’Hôtel de Ville de Liège ! Des représentants de la population migrante, avec ou sans papier de Liège, des citoyen.nes de tous âges et de divers horizons, des membres d’associations de défense des migrants, des élus communaux, dont le Bourgmestre, ont pris alors la parole pour énoncer publiquement toutes ces propositions citoyennes pour améliorer l’accueil des migrants. Le partage de ces nombreux témoignages, entrecoupés de moments musicaux, et suivi par une prestation du chanteur et guitariste haïtien, BélO, a mis en lumière la richesse et la force du collectif, de la diversité, abordant un langage loin de la peur de l’autre et du poids de l’accueil. Le filet restera suspendu, questionnant les passants, durant six semaines. Il accompagnera la marche annuelle contre le Centre fermé de Vottem, montrant que plusieurs langages sont possibles et nécessaires pour défendre une vision positive de l’accueil et rappeler les engagements pris par la Ville de Liège.


Prise de parole de Bénédicte Moyersoen
Hôtel de Ville, Liège
Avril 2024
« Bienvenue à toutes et tous,
Un jour un ami sans papier m’a dit : “Tu sais, Bénédicte, le pire pour un sans papier, c’est ‘être pieds et poing liés’. On est coincé et la vie avance. Je suis jeune mais, très vite, je serai vieux et je ne pourrai toujours pas trouver ma place en Belgique.”.
D’autres personnes, reconnues comme réfugiées, me font part de cette même difficulté : trouver une place dans la société d’accueil qui leur permette de retrouver dignité et autonomie.
L’œuvre collective solidaire “Tissons des liens. Pas des menottes.”, imaginée par une artiste, MAIS surtout réalisée par toutes et tous, est une réflexion citoyenne à propos de l’accueil des personnes exilées en Belgique.
L’œuvre est un processus en construction pour affirmer la volonté et la nécessité d’un changement dans la politique migratoire en Belgique : ne plus isoler, exclure, enfermer mais bien rassembler, nouer des liens, créer un maillage social fort de nos compétences et de nos richesses culturelles.
Ici, l’œuvre d’art et le message politique se complètent dans un langage symbolique fort ; accessible à toutes et tous, quelle que soit notre âge, notre histoire, notre langue. Chacun d’entre vous y a contribué à sa manière.
Si nous sommes là aujourd’hui, ce n’est pas simplement pour admirer une œuvre d’art : nous voulons surtout porter un message d’accueil et de solidarité.
En tissant ensemble, nous avons expérimenté cette solidarité : en se concentrant ensemble, en attachant son morceau à ceux des voisins, en faisant en sorte que chaque partie de l’œuvre s’harmonise… Ce n’est qu’en se coordonnant que tout devient finalement solide. C’est la condition sine qua non pour que ce filet tienne : d’où qu’on vienne, de Wallonie, de la Région Bruxelloise, de la Flandre… et aussi d’ailleurs ; citoyens de tous horizons, élèves, étudiants, travailleurs, artistes, enseignants, associations, mandataires politiques… unis par la même conviction.
De la même manière, ce n’est que grâce à l’action conjuguée des responsables politiques, des citoyens et des principaux concernés qu’un accueil digne pourra se dessiner enfin.
Informer, déconstruire les préjugés, donner la parole à celles et ceux qui sont réduits au silence, suggérer des alternatives à la politique migratoire actuelle, attirer l’attention des médias et des politiques sur ces enjeux cruciaux, démontrer que l’accueil fait tomber les murs, tels sont nos objectifs.
Cette œuvre transcende l’art pour devenir une action citoyenne et politique ; elle représente ce que nous continuerons toujours à tisser : des liens d’espoir et de soutien mutuel.
“Tissons des liens. Pas des menottes.” est une réponse citoyenne à une réalité : la qualité de l’accueil que nous voulons réserver aux exilés qui trouvent refuge en Belgique.
Après une première installation à Hotton (Belgique) en décembre 2023, l’œuvre en cours (6 0000 colsons) s’est arrêtée à Liège, pour 1 mois (avril 2024), dans ce lieu symbolique : l’emplacement de l’ancienne Cathédrale de Liège, ultime lieu d’asile au Moyen-Age.
Le 23 juin 2024, enfin terminée, elle s’installera à Bruxelles dans un autre lieu emblématique de la lutte pour l’accueil des personnes exilées : l’Église Saint-Jean-Baptiste-au-Béguinage, rebaptisée “House of compassion”.
Nous espérons vous y retrouver nombreux également.
Vous pourrez trouver à la fois les nombreux partenaires, l’historique et les objectifs du projet (traduit en de nombreuses langues), les témoignages et les propositions des citoyens et des mandataires politiques sur le site internet via le QR Code qui se trouve sur les panneaux explicatifs de l’œuvre au pied de celle-ci.
Sans vous tous, ce projet aurait été irréalisable.
Aujourd’hui, je voudrais vous remercier d’avoir cru et soutenu ce projet, d’avoir mis à disposition vos compétences les plus variées, d’avoir donné du temps sans compter.
Votre enthousiasme démontre que l’engagement citoyen existe, par-delà nos différences, de 4 à 94 ans.
Ensemble, les défis les plus fous sont réalisables !
Nous pouvons et nous devons construire une société où chacun.e puisse trouver une raison d’exister dans le respect et la dignité et devenir enfin acteur à part entière de son futur. ».