
L’œuvre collective solidaire « Tissons des liens. Pas des menottes. » a été accueillie par House of Compassion (Place du Béguinage, Bruxelles, site). L’Oeuvre a été accessible au public le dimanche 23 juin 2024, de 13 h 30 à 15 h 30. Le programme comprenait de courts témoignages et de prises de parole autour de propositions pour une politique migratoire plus juste. Des groupes vocaux de chansons engagées et Jah Bot (artiste sénégalais multi-instrumentiste, changeur et compositeur), ont clôturé cette exposition.

Prise de parole de Bénédicte Moyersoen
House of Compassion, Bruxelles
Juin 2024
« Bienvenue à toutes et tous,
Un jour un ami sans papier m’a dit : “Tu sais, Bénédicte, le pire pour un sans papier, c’est ‘être pieds et poing liés’. On est coincé et la vie avance. Je suis jeune mais, très vite, je serai vieux et je ne pourrai toujours pas trouver ma place en Belgique.”.
D’autres personnes, reconnues comme réfugiées, me font part de cette même difficulté : trouver une place dans la société d’accueil qui leur permette de retrouver dignité et autonomie.
L’œuvre collective solidaire “Tissons des liens. Pas des menottes.”, imaginée par une artiste, MAIS surtout réalisée par toutes et tous, est une réflexion citoyenne à propos de l’accueil des personnes exilées en Belgique.
L’œuvre est un processus en construction pour affirmer la volonté et la nécessité d’un changement dans la politique migratoire en Belgique : ne plus isoler, exclure, enfermer mais bien rassembler, nouer des liens, créer un maillage social fort de nos compétences et de nos richesses culturelles.
Ici, l’œuvre d’art et le message politique se complètent dans un langage symbolique fort ; accessible à toutes et tous, quelle que soit notre âge, notre histoire, notre langue. Chacun d’entre vous y a contribué à sa manière.
Si nous sommes là aujourd’hui, ce n’est pas simplement pour admirer une œuvre d’art : nous voulons surtout porter un message d’accueil et de solidarité.
Nous pouvons et nous devons construire une société où chacun.e puisse trouver une raison d’exister dans le respect et la dignité et devenir enfin acteur à part entière de son futur.
En tissant ensemble, nous avons expérimenté cette solidarité : en se concentrant ensemble, en attachant son morceau à ceux des voisins, en faisant en sorte que chaque partie de l’œuvre s’harmonise… Ce n’est qu’en se coordonnant que tout devient finalement solide. C’est la condition sine qua non pour que ce filet tienne : d’où qu’on vienne, de Wallonie, de la Région Bruxelloise, de la Flandre… et aussi d’ailleurs ; citoyens de tous horizons, élèves, étudiants, travailleurs, artistes, enseignants, associations, mandataires politiques… unis par la même conviction.
De la même manière, ce n’est que grâce à l’action conjuguée des responsables politiques, des citoyens et des principaux concernés qu’un accueil digne pourra se dessiner enfin.
Cette œuvre transcende l’art pour devenir une action citoyenne et politique ; elle représente ce que nous continuerons toujours à tisser : des liens d’espoir et de soutien mutuel.
Si certains se posent la question du devenir de cette œuvre, de tout ce plastique (hélas les menottes ne sont pas encore faites de tissu ou de papier), nous pouvons vous dire qu’elle est destinée à voyager dans toutes les communes qui le désirent pour revendiquer le droit à plus de justice migratoire pour tous et toutes.
Vous pourrez trouver à la fois les nombreux partenaires, l’historique et les objectifs du projet (traduit en de nombreuses langues), les témoignages et les propositions des citoyens et des mandataires politiques sur le site internet via le QR code qui se trouve sur les panneaux explicatifs de l’œuvre au pied de celle-ci.
Sans vous tous, ce projet aurait été irréalisable. Merci d’y avoir cru et de l’avoir soutenu, d’avoir mis à disposition vos compétences les plus variées, d’avoir donné du temps sans compter.
Votre enthousiasme démontre que l’engagement citoyen existe, par-delà nos différences, de 4 à 94 ans.
Si l’œuvre est aujourd’hui installée dans l’Église Saint-Jean-Baptiste-au-Béguinage, rebaptisée “House of compassion”, c’est parce que ce lieu à toute une histoire dans la lutte pour l’accueil des personnes exilées et je laisserai donc la parole à Daniel Alliet, partenaire précieux dans cette aventure. ».

